À ma Sophie
L'automne. Le soleil se lève et se
couche avec plus de précipitation maintenant. Il se fait discret, frôlant
presque l'horizon, se faufilant derrière les buildings du quartier, traversant au pas de course rues et ruelles, si loin déjà de ce zénith estival qui l'enorgueillissait jusqu'à nous faire
suer! C'est comme s'il culpabilisait d'être désormais porteur de ce virus blanc
qu'est l'hiver…
Cette année, Montréal rembrunit, il
s'enflamme plus timidement qu'à l'habitude, en raison peut-être de sa sève
anémique, déshydratée et dévitaminée par cet été désert dont les oasis de pluie
furent si rares qu'elles n'ont pas suffi à le désaltérer jusqu'à plus soif…
Ce Montréal que tu m'as obligé à regarder avec ton regard dans le mien, à lui
découvrir une sensualité que je sous-estimais. Montréal, grâce à toi, s'est
embelli parce que nous l'avons mis à nu et que j'étais amoureux. Je le suis
encore bien sûr, mais nous nous morfondons, Montréal et moi, de tes absences.
La ville effeuille nos souvenirs et ses murs, aux oreilles pourtant atrophiées, se rappellent avec nostalgie des intonations de ta voix. De mon côté je
refais inlassablement, au détour des jours, la même
chasse aux trésors, mes pas revenant sur les nôtres pour y saisir des
traces encore vives de ta présence dans Hochelaga.
Tiens! voilà qu'il pleut maintenant! Les couleurs, même les plus fades, se lustrent… comme une mitraille d'espoir dans
la nuit noire!
Reviens vite, si tu le veux bien…