dimanche 17 avril 2011

Carnets de marche 2011 (4)

(photo Luc G ou Sophie P)

Qu'ils soient dénudés, modestes, prétentieux, ou encore ombragés et infinis comme l'éternité, j'aime, depuis toujours, errer dans les cimetières. Une façon présomptueuse peut-être de piétiner la Mort tout en respectant ses convives! C'est devenu aussi, avec le temps, une façon de visiter les proches, de plus en plus nombreux, qui en ont fait leurs ciels…
Je les fréquente à l'aurore ou au crépuscule pour leurs lumières oblongues et dansantes qui s'agenouillent au pied des épitaphes; pour leur silence monastique à peine profané par le chuchotement du chant des oiseaux et le bruissement du vent qui semblent murmurer des incantations pour le repos des âmes et nous exhorter à vivre pleinement pendant qu'il est encore temps.
Je garde ainsi d'impérissables souvenirs de ballades dans les cimetières du Mont-royal, dans ceux de Sète dont les stèles embrassent la mer, ainsi que de l'atmosphère fantomatique de celui abandonné de la paroisse Saint-Maurice, au milieu d'un quartier dont il ne reste plus que les rues et le solage des maisons envahis par les herbes ou avalés par le puits de la mine Beaver...
N'empêche, je les marche désormais avec un pincement au cœur, ému qu'ils soient une espèce en voie d'extinction, remplacés par des lofts impersonnels où s'entassent, les unes sur les autres, des urnes désincarnées. Qui donc, à l'avenir, se plaira à fréquenter ces endroits où il n'y a plus de place que pour la mort?

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