samedi 23 avril 2011

Carnets de marche 2011 (6)

(photo Luc G. ou Sophie P.)

J'aime bien les matins qui se lèvent alors qu'ils sentent toujours la nuit; qui conservent encore dans le fond de l'air le souvenir extasié d'amours furtifs, de plaisirs coupables. Des matins dont les horizons ont le souffle court, l'épiderme rose, et le teint gêné, couleur rouge péché, d'avoir été ainsi surpris par un promeneur-voyeur. J'aime bien ces matins qui te soufflent dans la bouche ce goût sec et rare du bonheur, comme ils t'imposent celui de la terre lors des étés sécheresses.
J'apprécie moins les matins qui exultent la misère, la violence ou le naufrage amoureux; ces matins qui se cachent derrière la lumière hésitante du jour pour que le marcheur ne les remarque pas. Plus difficiles à apprivoiser ces aurores sans ombre et dont le silence coupable laisse deviner de récentes et prévisibles tragédies sur une terre si pauvre que les coups y poussent plus vite que l'espoir. Je marche souvent alors d'un pas plus haletant comme pour échapper à ce silence pesant que seuls troublent les cris affamés de grands oiseaux éboueurs échoués loin de la mer.

Ainsi vont mes matins… Ite missa est!

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