lundi 5 mars 2007

Post Scriptum




Laissez-moi vous raconter…

Ce matin-là, pour peu que je me souvienne, la première image qui s’est imposée est celle qu’évoquent, depuis des lustres, ceux qui prétendent avoir survécu à la mort… avoir échappé, de gré ou de force, à ce long tunnel noir au bout duquel une lumière se fait invitante, même insistante…

Ce matin-là, mon tunnel à moi avait l’aspect froid d’un corridor d’hôpital… Et, pour être franc, j’y confrontais des sentiments à mille lieux de cette imagerie rassurante du mourant ressuscité… En fait, j’alimentais, du mieux que je pouvais, tous les feux, toutes les lumières qui m’habitent depuis toujours justement pour éviter d’être avalé par ce trou noir que je sais au bout du chemin…

Un corridor trop éclairé, pâle et nu, comme dans tous les hôpitaux… Un espace lisse, ne serait-ce que pour laisser l’impression que rien de menaçant ne peut s’y agripper… et, qui sait, ensuite vous sauter dessus…

Seuls obstacles dans cet univers aseptique : deux chaises… Assez vierges néanmoins pour comprendre que ceux qui fréquentent l’endroit, comme moi, l’arpentent plus qu’ils ne s’y arrêtent…

J’y fais donc les cent pas, à la fois pour fuir ou, encore, trouver un moyen d’affronter mes peurs…

J’attends LE verdict…

Je pense à moi, évidemment… Je pense aussi, bien sûr, à vous…

Je ne sais qu’une chose… Dans un instant, je ne pourrai plus ME mentir…

Je sais aussi, qu’à ce même instant, je devrai choisir ce que je VOUS dirai…

Serein, je réalise enfin, à ce moment précis, que, peu importe le verdict, je viens de perdre, dans ce corridor, toute pudeur inutile… que j’ai choisi, à tort ou à raison, de ne plus jamais taire ce que je pense…

Aucun commentaire: