dimanche 31 mai 2009

Ce soir dans tes yeux…


Ton regard bandoléonne 
la musique de tous les trottoirs 
où les yeux fuyants
de ces vies innombrables 
sont incrustés dans le béton
Des vies timides 
gênées à force d'espérer
Des vies engourdies
à se geler leurs espoirs
aux portes des possibles
en ces temps impossibles
Des vies à mourir du désespoir
que pour un… 
y'aura tous ces autres!!!

Ton regard bandoléonne 
la musique des ignorés
l'anonymat des seconds
la mémoire des ombres
le cri des "je n'ose demander"
le silence des "je n'ose dénoncer"
les amours plongeon
de trop de pierres au cœur
les enterrés du temps qui passe
les poignardés dans l'indifférence
en raison de leurs différences…

Ton regard bandoléonne
les rythmes de la vie tire-bouchon
piquettes et grands crus
amour abandon
avec et sans esclavage…

dimanche 24 mai 2009

Belle comme le jour!


Quitter le silence mouvant du fleuve
pour retrouver sur ses rives
les bruits de pays
la musique graveleuse
de ses paysages hésitants
le murmure suspendu
de ses vies modestes
le chant lumineux de ses matins
avant la cacophonie du boulot
le clapotis aromatisé
de sa chorale de cafetières
les cris toujours vivants
de ses enfances rares
le hurlement d'une ambulance
pour éloigner la mort
le bruissement de l'éternité
quand elle arrive en premier
le ronronnement de sa présence
dans mon ciel de vie!

samedi 23 mai 2009

La pauvreté de la richesse

(photo Sophie P.)

Sur les tableaux clignotants
des Bourses du monde
défilent le profil
des morts économiques
s'y dessinent l'ossature
des abonnés à la pauvreté

Ces cartographes du libre marché
exégètes de la richesse
évangélisateurs de terres conquises
béatificateurs de paradis fiscaux
sermonnent les vertus des flux
quand chambranle notre foi

Ces chasseurs de pareils
dans l'infini des diversités
cultivent la monoculture des indices
enchaussent leur bosse des affaires
récoltent de "grosses légumes"
pour alimenter notre vide d'absolus

Avaleurs de calories vides
anorexiques de la solidarité
adeptes du culte de soi
agenouillés têtes courbées
nous égrainons des chapelets de crédos
incertains désormais de notre rédemption…

Incendie caniculaire


Aurore volcanique
Des larmes de lave
Coulent de son œil 
Sur des nuages enflammés

Une descente de ciel
Dépose ses braises
Sur un fleuve
Charbons ardents

Matin menstrué
Du sang de la terre
Atmosphère fiévreuse
Moiteur de la lumière

Jour incendiaire
Où l'ombre même chenue 
Sera espace de conquête…

mercredi 20 mai 2009

Urbanité



J'habite une ville 
De gratte-ciel athées
De limbes superposées 
Où des vies étagées
Jalouses de leur individualité
Enferment leurs libertés armées
Pour se protéger de l'enfer du voisin

J'habite une ville
D'urbains motorisés
Ogres de bipèdes imprudents
Cannibales potentiels en heures de pointe
Pourfendeurs d'asphalte troué
Pique-niqueurs de parkings cimetières
Tarzans d'une jungle asthmatique

J'habite une ville
Où survit pourtant les intonations
Des sans voix
Des jaseurs de silence
Des bégayeurs de rien
Des zézayeurs de langues mortes
Des susurreurs  de tendresse
Des bécoteurs d'ivresse
Des magiciens de ruelles…

J'habite des cités improbables
Ma ville…

jeudi 14 mai 2009

Abandon...



Laisse-moi
Écouter ces regards
qui emprisonnent tes silences
Pêcher ces secrets
perchés sur le bout de ta langue
Soigner ces gélivures
sur l'écorce de ton âme…

Laisse-toi aimer!

Pays sans bon sens!*


Dans le gréement
De nos voilures
Souffle toujours une parlure
Claquante et délirante…

Matelots de voitures d'eau
sur des mers de mots démontés
ou encore chasseurs de trésors
sur les battures infinies
de notre pays imaginaire…

Nous avançons toujours
masticateurs de présent
saliveurs de devenir
avaleurs de couleurs
guillotineurs de silence
géniteurs de paroles plurielles…

Espèce menacée
tribu entêté
nous survivons
en tutoyant la vie
en fêtant ses imprévus
en nous saoulant
des obèses obscénités
d'une mort 
tant de fois annoncée...

*modeste clin d'œil à Pierre Perreault

Inventaire d'un matin de printemps


Des arbres gospel
qui chantent et dansent
sous un vent chorale
Un ciel barbe à papa
évoquant la kermesse
d'un orage annoncé
Un levé du jour
qui met en scène
la lente défloraison
des pommetiers
Un matin
qui s'endimanche
du parfum violacé
et tenace des lilas
à en faire éternuer
un chien errant
Des rais de lumière
qui marchent au pas
d'une fanfare ailée

…et des humains
posés comme des graffitis
sur l'architecture neuve
d'une nature qui mue
d'un déjà lointain hiver…

mardi 12 mai 2009

Belle voyageuse…


Lorsque tu reviens
d'un de ces lieux orphelins
où les heures s'essoufflent
à rattraper le temps qui fuit
laissant derrière et floues
tant de choses futiles
à peine entrevue
je te sens fragilisée
le cœur fissuré…

Lorsque tu émerges
du cimetière des illusions perdues
dans ce monde tordu
défiant toute droiture
où le mensonge sert d'épitaphe
et où sont enterrés
tant d'impensables et d'improbables
je te sais abattue
l'âme effritée…

Pourtant quand tu t'abrites
dans le brise-lames de mes bras
retrouvant la beauté discrète
de l'envers des heures
et le souffle rassurant
de la respiration de ton univers
je te sais rescapée
jusqu'au prochain naufrage…

Pensées inutiles (21)?

Imaginer la mort qui
 "chante sous la pluie"


Véritable "Magicien d'Os"!!!

lundi 11 mai 2009

Réveil pharaonique


Encore enveloppé de sommeil
dans mon sarcophage de draps
mes derniers rêves momifiés
se cherchent une éternité
alors que le soleil déroule 
des papyrus de lumière
où le matin dessine
ses premiers hiéroglyphes…

dimanche 10 mai 2009

Toujours belle!



T'es belle
Quand tu plonges dans tes pensées
Pour en infuser les saveurs
Ensachées dans ta mémoire
Quand tu y retrouves les parfums
De tes éternels printemps
Quand tu rosis d'y dénicher
Quelques impudeurs oubliées
Quand tu y homéopathises tes démons…
T'es belle
Quand tes yeux s'embuent
Des souvenirs de croisières
Avec ton océane mère morte
Quand tu te liquéfies du bonheur
D'être toujours aussi vivante…

T'es belle
De tant m'aimer…

jeudi 7 mai 2009

Aurore



Un ciel plombé
Un jour déjà ivre
Matin gris et titubant
Des ombres furtives

Un ciel chagrin
Un paysage décoloré
Des odeurs délavées
Un fantôme hanté

Je rentre…
Rien à signaler…
Tu peux dormir mon cœur!