dimanche 24 février 2013

Musique de chambre




L'archet glisse
Lentement
Sur les cordes
De son violoncelle
Tout son sexe vibre
Chambre de résonance
Leurs lèvres psalmodient
Religieusement
Des prières païennes
Une jouissance explose
Violemment
Dans tout son être
La musique se casse
Un silence naît
Son corps se liquéfie
Exsudant de plaisirs
L'archet caresse
Maintenant
En cadence
La trame
De ses songes
Son désir
Vibre  à nouveau
Sous une ombre
Enveloppante
En érection!


Photo Adrien Donot

samedi 6 octobre 2012

Carte postale de Montréal

 À ma Sophie


L'automne. Le soleil se lève et se couche avec plus de précipitation maintenant. Il se fait discret, frôlant presque l'horizon, se faufilant derrière les buildings du quartier, traversant au pas de course rues et ruelles, si loin déjà de ce zénith estival qui l'enorgueillissait jusqu'à nous faire suer! C'est comme s'il culpabilisait d'être désormais porteur de ce virus blanc qu'est l'hiver…

Cette année, Montréal rembrunit, il s'enflamme plus timidement qu'à l'habitude, en raison peut-être de sa sève anémique, déshydratée et dévitaminée par cet été désert dont les oasis de pluie furent si rares qu'elles n'ont pas suffi à le désaltérer jusqu'à plus soif…

Ce Montréal que tu m'as obligé à regarder avec ton regard dans le mien, à lui découvrir une sensualité que je sous-estimais. Montréal, grâce à toi, s'est embelli parce que nous l'avons mis à nu et que j'étais amoureux. Je le suis encore bien sûr, mais nous nous morfondons, Montréal et moi, de tes absences. La ville effeuille nos souvenirs et ses murs, aux oreilles pourtant atrophiées, se rappellent avec nostalgie des intonations de ta voix. De mon côté je refais inlassablement, au détour des jours, la même  chasse aux trésors, mes pas revenant sur les nôtres pour y saisir des traces encore vives de ta présence dans Hochelaga.

Tiens! voilà qu'il pleut maintenant! Les couleurs, même les plus fades, se lustrent… comme une mitraille d'espoir dans la nuit noire!

Reviens vite, si tu le veux bien…


lundi 1 octobre 2012

Carte postale du BIC

À Marise et Rémi qui en reviennent!

À regarder vos photos, je me suis dit qu'il s'écrit des paysages comme certains récits se cartographient sur la trame de nos existences! De suite, leur calligraphie vous séduit, leurs lettres se majusculent, puis leurs mots bien découpés se dressent en vous, jusqu'à vous happer et vous entraîner irrémédiablement dans un puits sans fond de plaisirs où s'échouent volontiers tous vos sens!

Ainsi, depuis cette première fois, il y a longtemps maintenant, qu'un brouillard dense s'est dissipé furtivement sur le quatrième de couverture du Bic, une histoire d'amour s'est esquissé en moi, se développant quasi jusqu'à la pathologie.

Bien sûr, je sais désormais le commencement et la fin de ce paysage unique, mais j'y reviens inlassablement, toujours soucieux de me glisser entre ses lignes brisées et ses lignes d'horizon; pour y arpenter ses sous-entendus marins,les ellipses de son espace -temps, les allitérations inventives de son décor; pour sourire aux allégories de ses incessantes réflexions entre ciel, terre et mer…


samedi 29 septembre 2012

Carte postale de West-Brome


À Nathalie S.

Dans tes Cantons Nathalie, le soleil, au petit matin, rebondit sur ses vallons blonds comme on joue à saute-mouton; au passage, d'une caresse, il arrache aux cours d'eau des brumes aussi légères que les songes qu'ils quittent à peine; il se faufile ensuite délicatement, sur la pointe des pieds, dans les boisés où il joue volontiers à cache-cache avec les ombres longilignes d'un automne encore jeune, sous le murmure approbateur de chênes plusieurs fois centenaires, mais aux cœurs toujours rieurs.

Tes Cantons te ressemblent tellement ma belle amie… Même rondeur dans les sentiments, mêmes paysages fleuris, mêmes chemins de traverse serpentant entre ombre et lumière, mêmes odeurs fleurant bon le passé et le présent… même envie de rester vraie, sans autre maquillage que ce temps qui passe doucement, qui, le plus souvent, vous embellit en adoucissant les arêtes trop vives de notre nature!


Carte postale

Aux amoureux du Saint-Laurent

Je m'ennuie de ce sablier liquide qu'est le fleuve où le temps mouvant s'écoule jusqu'à n'être plus que le bruissement rassurant du clapotis de l'eau sur nos rives…
Ou encore, de ne pouvoir me mesurer à la pression artérielle de ses flux et reflux au gré des humeurs de la lune, ni humer le souffle salin de ses grandes marées qui vous fouettent tous les sens parfois jusqu'à la dérive…
J'ai même, c'est tout dire, le spleen du cri déchirant de ses glaces se brisant sous les enflures du froid cassant de février…
Chaque fois aussi, j'ai le vague à l'âme au simple souvenir de ces moments fugitifs où soudain les couleurs du ciel trébuchent sur sa surface limpide et s'y répandent jusqu'à confondre les horizons…
Je regrette enfin d'être si souvent absent quand, à la nuit, il se fait miroir étale et que l'univers vient s'y noyer libérant en une myriade de scintillements l'âme des étoiles…

En attendant, je rêve de radeau ou d'être roseau…

jeudi 26 juillet 2012

Lettre à une amie III


Quand ce ciel d'orage, surréaliste de beauté, s'est avancé au-dessus du parc Préfontaine avec son rideau de pluie tiré sur le paysage, j'ai tout de suite pensé à toi… J'aurais bien aimé le regarder venir sur le bord de ton lac, doublement menaçant d'y refléter ses infatigables éclairs zébrés, le faisant frissonner sous le roulement incessant d'un tonnerre de Brest…

Nous nous serions tus, t'aurais souri… peut-être de réaliser qu'il était bon de savoir qu'autant de tempêtes semblaient t'avoir quittée!

Finalement, l'orage a passé sur Hochelaga, je l'ai regardé seul, hypnotisé par  la douceur qui se dégageait, malgré tout, de toute sa fureur, et en mesurant à quel point parfois je m'ennuie de toi ma belle amie!

Prends soin de toi, je t'embrasse…

mercredi 4 juillet 2012

Lettre à une amie II



04-07-12

Assis confortablement sur mon balcon où il fait bon malgré la langueur humide qui engourdit la journée, j'ai les yeux rivés sur le long bandeau d'asphalte qui se déroule aussi loin que mon esprit peut y errer…  Ainsi, je m'en viens à toi ma belle amie ainsi qu'à tes jours difficiles déposés sur le bord du lac Écho. Drôle d'appellation d'ailleurs, quand on y pense, pour un endroit qui accueille des gens dont la vie est justement si pleine d'échos qu'ils arrivent parfois difficilement à s'y repérer!

Tiens! parlant de repères, voici que mon temps avancera encore d'un an ce dimanche… Toutes ces années qui, longtemps, m'ont indifférées, ont davantage ces jours-ci, je l'avoue, une saveur aigre-douce…. Il m'arrive parfois de me sentir fort petit quand je me retourne et que je vois cet amoncellement grandissant que même ma mémoire n'arrive plus toujours à gravir sans encombre…

Bon allez pepère, assez de mélancolie! La vie continue et, le plus souvent, elle est si belle… Et puis je sais bien que ce n'est pas tant l'arrivée immuable qui importe vraiment comme tous ces gens qui nous accompagnent peu importe que le chemin soit abrupte ou sillonnant langoureusement le long de paysages où il fait bon avancer ensemble! Et, tu le sais, ça me rend plutôt  heureux de faire encore une partie de la route avec toi. C'est un cadeau inestimable…

Alors, prends soin de toi, porte-toi bien et rappelle-toi que je suis là lorsque les heures s'étirent interminablement… Le temps ne sera sans doute pas moins long, mais tu auras au moins quelqu'un sur qui te défouler!

Je t'embrasse fort... À bientôt!