dimanche 14 janvier 2007

silence



Mon père était —vous en étonnerez-vous, sachant que j’ai cinquante deux ans— un de ces hommes à qui on reproche volontiers d’avoir été un « taiseux », un homme de peu de mot. Il est vrai qu’il n’avait pas d’opinion sur tout et, quoiqu’il ait toujours tout mis en œuvre pour y échapper, il admettait volontiers et sans honte une grande ignorance face à la complexité de son monde.

Aujourd’hui, pour peu que je regarde autour de moi, force m’est de constater que les hommes -mais aussi les femmes- ont bien changé, moi y compris… Ils ont pris la parole et possèdent désormais des opinions sur tout qu’ils infusent à chaud dans le moment présent! Résultat : des idées certes colorées mais qu’il suffit d’humer pour découvrir qu’elles trahissent souvent une pensée diluée et insipide…

Mon père est décédé depuis fort longtemps, n’empêche, je m’ennuie de plus en plus de ses silences dont j’apprécie aujourd’hui la tranquille éloquence. Des silences où je me réfugie d’ailleurs fréquemment, y trouvant un abri temporaire contre le bruit ambiant. J’essaie, à tout le moins, de mettre en pratique la sagesse de ce dicton millénaire qui suggère qu’avant de parler, on doit s’assurer que ce qu’on va dire soit plus beau que le silence!

Montréal le 2 janvier 2007

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