jeudi 6 mai 2010

Même si vous ne me l'avez pas demandé!


De mon enfance sans histoire, il ne me reste guère que des images en demi-teintes, crayonnées sommairement comme si elles avaient été croquées à travers un blizzard… Quelques fulgurances parfois lorsque je fore en profondeur les strates compactes et résistantes de ma mémoire…

Puis, les mots appris très tôt sous la férule d'une grand-mère attentionnée… Des mots, d'abord pour dire le monde, et qui ne me révèleront tout leur potentiel magique qu'à mesure que mon enfance perdra peu à peu le sien. Toutefois, je devinais déjà qu'il me serait désormais possible de les mettre en scène, de les diriger et qu'ainsi la vie demeurerait toujours un spectacle, même lorsqu'elle se ferait tragédie!

L'adolescence sera d'abord incendiaire. Les mots Molotov, les mots terre brûlée, les mots faucille… Une sourde révolte allumera en effet d'incessants feux où, comme plusieurs, je consumerai, sans égard, tous les hier afin d'y bâtir des lendemains plus ouverts, plus lumineux, plus amoureux… Cependant, en cours de route, beaucoup se persuaderont que tout cela pouvait si facilement s'acheter, se marchander… À partir de là, les valeurs se résumeront le plus souvent à celles qui se cotent ou se spéculent à la bourse!

Aussi, puisque l'avenir refusait d'être mon nouvel Éden, pourquoi ne pas emprunter les sentiers sinueux, étranges et prometteurs des paradis artificiels? J'y aurai trouvé le libre-arbitre, celui d'en revenir, mais aussi un goût inaltérable pour la lenteur et les beautés des chemins de traverses, les miens comme ceux des autres...



Ces quelques pas dans mes souvenirs se sont imposés en vrac, lorsque, par hasard, j'ai retrouvé, empoussiérées et jaunies, mes premières chaussures de bébé!!!

2 commentaires:

Hubert Lemaire a dit...

Tout comme Toi Luc, j'ai ce goût inaltérable pour la beauté et la lenteur des chemins de traverses...
Me hâter lentement, je sais faire maintenant, à force de chemins de traverses...

Kat Imini a dit...

Même si nous te l'avons pas demandé, j'ai été très touchée par ton récit, tes mots font mouche toujours, mais là, un peu, beaucoup de toi, et ces pas portés par ces chaussures de bébé que je n'ai pu m'empêcher de voir. Luc, je t'embrasse.