samedi 12 mars 2011

Resto Chez Clo



Chaque matin, je croisais quelques fantômes familiers qui s'y engouffraient aussi pâles que les premières lueurs du jour, gris d'avoir avalé tant de ces papillons de nuit qui vous donnent l'illusion de voler jusqu'à demain…
Je les voyais, à peine entrés, retrouver leurs réflexes, se recolorer, enveloppés d'odeurs grasses et familières, s'abritant sous la tendresse des sourires sentis du personnel, à la recherche du regard maternel de la propriétaire...
J'aimais m'attarder, même sans y manger, à ses vingt menus du jour abordables, une véritable bible psalmodiant tous ces repas dit aujourd'hui "confort food" qui vous gavent l'âme autant que l'estomac!
C'est donc enfermé dans mes habitudes que j'ai cru un instant que les fenêtres voilées suggéraient quelques rénovations… que je me suis ensuite inquiété de leur persistance… jusqu'à l'apparition de l'affiche immobilière: À louer…
J'ai alors senti qu'une partie de mon quartier me glissait sous les pieds… Que même l'immuable peut désormais se dissoudre dans le temps…
Depuis, je n'emprunte plus la rue Dézéry comme point de départ à mes vagabondages matinaux… Et mes aurores sont orphelines de mes fantômes, dispersés dieu sait où!!!

1 commentaire:

autrement moi a dit...

Petite table en terrasse, petit coin sans prétention, presque éloigné du bruit de la ville mais surtout, un de ces lieux auquel on s'attache parce que témoin de notre amour.
C'est bien dommage...